Eviter les violences gynécologiques et obstétricales grâce à l'écoute et au respect de chaque femme

A l’occasion de la Journée Internationale des droits des femmes ce 8 mars, l’Hôpital Universitaire de Bruxelles (H.U.B), qui réunit l’Hôpital Erasme, l’Hôpital de Enfants et l’Institut Jules Bordet, en tant que lieu de vie et de soins d’excellence, se positionne sur la thématique des violences gynécologiques et obstétricales faites aux femmes. Ces violences sont une réalité. Elles existent, elles arrivent, volontairement ou non. Il faut pouvoir mettre des mots sur les maux et continuer de faire évoluer la médecine grâce à l’expérience des patientes. 

Une carte blanche signée Anne Delbaere, Clotilde Lamy, Isaline Gonze, Anne Holoye, Maxime Fastrez & Philippe Simon

 

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droits des femmes

La médicalisation de l’accouchement, conjointement à toutes les avancées en termes de prise en charge médicale, représente un progrès de taille qui a permis de réduire considérablement la mortalité maternelle et infantile d’une part, et les complications liées à l’accouchement d’autre part. Elle s’est accompagnée de nouveaux gestes, actes et techniques médicaux (épisiotomie, césarienne, …) qui peuvent s’avérer violents pour la patiente et induire une perception négative de l’accouchement. Ces pratiques peuvent être effectuées trop vite et parfois même, pourraient être évitées. L’OMS alerte sur l’usage excessif de ces pratiques et prône une « expérience positive de l’accouchement », au maximum. Le corps médical, la structure et l’institution font partie intégrante de cette expérience.

Les pratiques gynécologiques et obstétricales évoluent avec le temps. D’une part, du côté du corps médical, les pratiques d’il y a quelques décennies ne sont plus celles d’aujourd’hui. Avec l’évolution des connaissances scientifiques, la médecine gynécologique et obstétricale devient de plus en plus précise et personnalisée. D’autre part, du côté des patientes, la parole s’ouvre et les femmes osent de plus en plus exprimer leurs ressentis. Avec l’expérience des soignants comme des patientes, des actes de l’époque, tels que les touchers vaginaux systématiques, ne sont plus pratiqués aujourd’hui. Rien n’est figé dans le temps, la médecine continuera d’évoluer et la poursuite de l’échange entre les femmes, ou entre femmes et soignants, amènera une meilleure compréhension des ressentis différents de chaque patiente.

Le dialogue, le respect mutuel et la confiance entre le soignant et la femme représente le socle d’une prise en charge respectueuse des besoins de celle-ci. Au sein de nos institutions, nos patientes sont des partenaires actives de leur prise en charge, que ce soit au niveau d’un projet parental, d’un projet de naissance ou de choix parmi différentes options thérapeutiques pour différentes pathologies gynécologiques. Ce dialogue permet notamment à nos patientes de prendre une place de plus en plus grande dans le choix des traitements que leurs seront appliqués. Les différentes Cliniques et unité fonctionnelle du service sont ancrées dans une démarche d’intégration des aspects humains et de respect des patientes. L’échange est primordial et résulte d’une volonté des deux parties d’avancer ensemble dans ces projets de vie.

Reflet des valeurs humanistes de nos institutions, nous nous engageons à former les gynécologues et obstétriciens, sages-femmes, infirmiers et infirmières de demain à cette attention particulière : à la relation entre le personnel soignant et les patientes, à la communication, à la notion de consentement éclairé et à la promotion d’une approche humaine des soins. Parce que la formation des soignants traverse les frontières de l’hôpital, nous soutenons également des associations professionnelles qui participent à l’évolution générale de la profession, par le partage des expertises. Nous encourageons les patientes à réfléchir à leur plan de naissance. Au quotidien, nous discutons les cas en équipe pour analyser les situations délicates notamment en cas d’interventions en urgence ou de vécu difficile en consultation ou lors d’actes techniques. Le consentement des patientes est une notion de la plus haute importance pour nous.  Il nous importe de discuter avec la patiente de son vécu, de son ressenti et d’anticiper ensemble, autant que faire se peut, les situations qui pourraient survenir – même les plus graves - et comment réagir dans ces cas-là. Nous abordons ces discussions en toute transparence avec bienveillance. Nous encourageons chaque médecin et chaque soignant à prendre ce temps d’écoute avec chaque patiente. 

Le droit des femmes, c’est le droit à un suivi gynécologique et obstétrical dans l’écoute et le respect de ses besoins physiques et psychologiques. Et du côté des femmes, de prendre soin d’elles-mêmes, de la meilleure manière possible, celle de suivre leur santé gynécologique et de faire des choix en accord avec elles-mêmes, en termes de maternité, de refus de maternité ou de contraception, par exemple. L’échange se réalise dans les deux sens et c’est la réunion des expériences, du soignant et de la patiente, qui permettront d’aboutir en partenariat à la meilleure forme de prise en charge dans le respect de l’autonomie de décision des patientes.