Nous sommes les premiers en Belgique à travailler avec cette technique innovante

Le Pr Benjamin Bondue, pneumologue et directeur de clinique  - Hopital Erasme (H.U.B)

Comment mieux prendre en charge aujourd’hui les nodules et les cancers du poumon chez les patients touchés par la maladie ? A Bruxelles, les équipes de l’H.U.B mènent depuis de nombreuses années des recherches de pointe sur la question. « Nous avons développé des techniques de GPS pour atteindre ces petites lésions à l’intérieur des poumons. Grâce à cette technique, nous nous approchons des lésions de moins de 2cm avec des rendements diagnostics de l’ordre de 80-85%» explique le Pr Benjamin Bondue, pneumologue et directeur de clinique.

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nodule pulmonaire

Le nodule est brûlé

Avec l’aide du Pr Dimitri Leduc et ses équipes médicales de l'hôpital Erasme, Benjamin Bondue vient de  réaliser la première ablation endoscopique par micro-onde d'un cancer pulmonaire en Belgique. « Nous avons dévelloppé une prise en charge précoce et efficace. Nous utilisons de plus en plus le scanner thoracique pour procéder au dépistage du cancer du poumon pour les personnes qui ont un tabagisme important…il y a différentes études et protocoles qui existent. Ce type de dépistage permet de détecter des petites anomalies allant jusqu’à la découverte des nodules de moins de 3 cm. La majorité de ces lésions pulmonaires ne sont pas cancéreuses. Il est donc important d’avoir des techniques pour pouvoir confirmer la présence éventuelle d’un cancer, proposer une prise en charge précoce, ou rassurer les autres » 

Concrètement, « en cas de nodule, celui-ci est brûlé grâce à un cathéter acheminé par les voies naturelles via une endoscopie. » La tumeur est brûlée en épargnant au maximum les tissus sains. L’ablation est réalisée sous anesthésie générale. L’ablation en elle-même prend 10 minutes mais l’ensemble de l’intervention dure entre 1 à 3 heures. Ensuite le patient reste minimum 24H en surveillance à l’hôpital.

Une méthode adaptée à certains patients

Cette méthode peu invasive est proposée aux patients ne pouvant pas bénéficier d'une chirurgie en raison de leur âge, d'une mauvaise fonction respiratoire ou de comorbidités. « Nous sommes les seuls à travailler sur l’ablation en Belgique. Cette procédure a été utilisée à Hong-Kong, à Londres et à Paris. Nous sommes le 4eme centre au monde avec cette technique qui se positionne ainsi comme une alternative innovante à la radiothérapie et la radiologie interventionnelle".

Tous les patients ne peuvent toutefois pas en bénéficier : « Quelques critères importants sont à respecter : d’abord cela concerne les patients inopérables, qui n’ont pas de métastases non traitées et dont la lésion n’est pas trop grande (diamètre maximal de 1,5 cm pour permettre d’avoir des marges autour de la lésion de 1cm)…ni trop proche des gros vaisseaux, des nerfs, de la plèvre… »

 «Toutes les indications potentielles sont discutées en réunion multidisciplinaire. En outre, nous le réalisons dans le cadre d’un protocole de recherche évaluant l’efficacité à long terme de la technique et les risques de complication. C’est un travail multidisciplinaire avec les oncologues, les radiothérapeutes, les chirurgiens, les radiologues interventionnels… »

Les patients peuvent aussi être pris en charge autrement : « Il existe deux autres techniques: la radiothérapie stéréotaxique (brûler avec des rayons) ou la technique des micro-ondes par voie transthoracique : cela veut dire que l’on pique à travers le thorax sous scanner. Cette dernière peut encourir un risque de pneumothorax…Cela est problématique pour des patients fragiles qui ont déjà une fonction respiratoire mauvaise. Par rapport à cette approche trans-thoracique, notre technique offre l’avantage de réduire quasi complètement ce risque de pneumothorax. Par rapport à la radiothérapie, on espère pouvoir à terme réaliser pendant la même procédure à la fois des biopsies, confirmer la présence d’un cancer et le traiter dans la foulée. Nous sommes positifs puisque nous y sommes presque ! ».

Actuellement, 5 lésions ont été traitées sans complication majeure. Ce projet est soutenu par le Fonds Erasme qui finance l’achat du matériel. « C’est important de le rappeler. Cela nous permet de nous investir dans la recherche et de mener ce genre de projet innovant. »